Le Burkina Faso traverse une nouvelle épreuve tragique après un massacre de grande ampleur perpétré par des groupes djihadistes dans la commune de Barsalogho, située dans la région du Centre-Nord. Le 24 août 2024, entre 200 et 400 personnes ont été tuées dans une attaque brutale, l’une des plus meurtrières de l’histoire récente du pays. Ce massacre, revendiqué par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a ciblé des civils et des soldats qui creusaient des tranchées pour protéger leur ville, conformément aux directives de la junte militaire au pouvoir.
Réaction des autorités : entre déni et reconnaissance partielle
Pour la première fois depuis plusieurs mois, les autorités burkinabè ont réagi publiquement à une attaque djihadiste de cette envergure. Des ministres se sont rendus à l’hôpital régional de Kaya le 25 août pour visiter les blessés, mais sans reconnaître officiellement les morts. Cette omission a suscité l’indignation de nombreux observateurs, d’autant plus que le gouvernement burkinabè a souvent été accusé de minimiser les violences djihadistes ou de manipuler les récits à son avantage.
Toutefois, les signes de fissures commencent à apparaître au sein de l’appareil d’État. Un conseiller du Premier ministre a admis, lors d’une interview à la chaîne publique RTB, qu’il ne connaissait pas encore le nombre exact de victimes, une déclaration qui marque une rupture avec le silence habituel des autorités sur ces questions.
Indignation et appel au deuil
Face à cette tragédie, l’évêque de Kaya, Théophile Nare, a lancé un appel à l’unité et au recueillement, déclarant que “les grandes douleurs sont muettes, mais nous ne pouvons pas rester silencieux et prostrés devant le drame immense de Barsalogho.” Il a proclamé une journée de deuil diocésaine le 28 août, suivie de trois jours de prières pour honorer la mémoire des victimes.
Par ailleurs, un collectif dénommé “Justice pour Barsalogho” a exprimé sa colère contre ce qu’il perçoit comme une négligence des autorités, dénonçant l’inaction de l’armée et l’absence de soutien lors de l’attaque, malgré les ressources militaires disponibles, notamment des drones et des hélicoptères.
Contexte de la violence djihadiste au Burkina Faso
Le Burkina Faso est en proie à une violence djihadiste croissante depuis 2015. Le pays a enregistré plus de 20 000 morts, civils et militaires, au cours des dernières années, selon l’ONG ACLED. Les massacres se sont intensifiés en 2024, avec près de 3 800 décès recensés cette année. La région du Centre-Nord, en particulier, est devenue un épicentre de la terreur, où les groupes djihadistes, souvent affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, sèment la mort et la désolation parmi les populations civiles et les forces de sécurité.
Le massacre de Barsalogho est un rappel tragique de l’ampleur de la crise sécuritaire au Burkina Faso. Alors que le pays pleure ses morts, les appels à une réponse plus ferme et transparente de la part des autorités se multiplient. La situation actuelle exige une mobilisation internationale et nationale pour mettre fin à la spirale de violence qui menace de déstabiliser davantage cette région déjà fragile de l’Afrique de l’Ouest.